Jose Alejandro Restrepo (né en 1959) est une figure centrale de l’art contemporain latino-américain, avec plus de trente ans de production dans le panorama historique des arts électroniques de notre continent. Sa formation et ses intérêts sont variés et vont des arts visuels et du spectacle à l’installation, la photographie, la performance et la production éditoriale, s’imposant comme un modèle d’artiste contemporain qui opère à partir de l’hybridité. Son travail est basé sur une recherche sérieuse sur les discours du pouvoir dominant et les croyances populaires qui découlent d’une vision critique et dont les interprétations démantèlent l’idéologie du système. La récupération de la théâtralité du catholicisme et des codes du baroque colonial par les politiques/médias et le glissement vers le politique de certains des thèmes religieux les plus importants, tels que la punition, la rédemption et le sacrifice (comme légitimation de la violence), occupent une place centrale dans l’œuvre de l’artiste. Pionnier de l’art vidéo, Restrepo fait dialoguer l’image documentaire à travers une œuvre exposée sous plusieurs formats et dispositifs, utilisant les ressources de la technologie vidéo et de l’image électronique pour accentuer une déviation par rapport aux discours du divertissement et au courant dominant de l’art contemporain.

Maria Teresa Hincapie (1956-2008), fortement marquée par son expérience au sein du théâtre anthropologique vers la fin des années 70, a développé un corpus d’œuvres où la maîtrise rigoureuse du corps, un grand sens de l’espace et du temps, occupent des aspects cruciaux dans ses créations. Sa formation et ses recherches approfondies sur la danse et le théâtre dans différentes cultures, notamment orientales, l’ont amenée à travailler dans le domaine de la performance, dont elle est devenue l’une des représentantes les plus éminentes en Colombie. Ses actions visuelles, d’un caractère gestuel et poétique intense, révèlent des questions de genre telles que l’oppression, la solitude et l’abandon. Les rythmes statiques et tendus de ses présentations créent une atmosphère souvent claustrophobe et ouvertement critique à l’égard de certaines circonstances d’aliénation sociale et sexuelle. L’artiste a réalisé des actions qui ont exigé un effort physique jusqu’à des limites qui ont révélé la douleur comme une expression intime et universelle.

“PARQUEDADES : PARK SCENES FOR AN ACTRESS, VIDEO AND MUSIC” (1987) est une action vidéo conçue par Jose Alejandro Restrepo pour être interprétée par Maria Teresa Hincapie. Cette œuvre est l’une des premières expressions d’exercices expérimentaux de performance vidéo en Colombie, qui a révélé les possibilités d’interaction et d’échange entre le langage des arts visuels, technologiques et performatifs. L’œuvre est composée de cinq moniteurs de télévision qui reproduisent, sans linéarité narrative, des images de situations dans le contexte d’un parc : bancs, pigeons, détails du corps d’une femme, entre autres éléments ; tandis que Hincapie, en temps réel, improvise une performance de longue durée avec des mouvements lents et des gestes soutenus entre les moniteurs sur la scène.

Rolf Art, fondée par Florencia Giordana Braun en 2009 à Buenos Aires, est la seule galerie d’art spécialisée dans l’image technique en Argentine. Spécialisée dans les arts visuels contemporains d’Amérique latine, la galerie présente des œuvres qui explorent les différents supports photographiques et leurs limites. La sélection d’œuvres d’art comprend des pièces présentant une union inextricable entre densité critique et valeur esthétique. Le profil du curateur remet en question le contexte politique et considère le contexte social et économique de la production artistique comme un facteur déterminant pour l’interprétation de l’art. La galerie s’engage auprès d’un groupe restreint d’artistes latino-américains contemporains établis, en les promouvant à l’échelle nationale et internationale.