L’Artiste
La chambre (1972)
Chantal habitait dans une chambre sur Spring Street, dans un Soho qui en 1972 était encore désert. La chambre était petite, au deuxième étage, et avait des fenêtres à l’est et à l’ouest. On était en hiver, je me souviens. Le soleil entrait dans la chambre en fin de matinée. Le mouvement continu, le lieu et l’heure étaient donc tout trouvés. Il n’y a que nous deux dans la pièce et on a l’éternité devant nous. On tourne en muet bien sûr. C’est la norme dans les milieux expérimentaux de l’époque. On pensera au son plus tard. En deux heures c’est fait. Deux chargeurs, deux prises, mais l’une un peu meilleure que l’autre à cause des gestes de Chantal. Une parfaite harmonie dans l’improvisation. Aujourd’hui, le film se lit moins comme un hommage à Michael Snow que comme une métaphore sur le pouvoir sensuel de ce qui est caché. Les gestes de Chantal, qui est dans le lit sous les couvertures, sont captés sans être révélés complètement. Le film existe en tant que films à cause du pouvoir de suggestion de l’actrice aux gestes ambigus.
Le film est lumineux de simplicité. Le mécanisme du mouvement à vitesse constante n’est pas synchronisé avec les gestes. Cette impression de hasard voyeur contribue au pouvoir hypnotique et à l’évocations sensuelle de ces gestes.»
Babette Mangolte, dans Autoportrait en cinéaste, Cahiers du cinéma, Centre Pompidou, Paris, 2004
Là-bas (2006)
« Alors là-bas, le là-bas de chacun de nous, un endroit auquel on rêve, un là-bas qui serait un Paradis, n’existerait-il pas ? Serait-on partout en exil ? Et je regardais les gens en face, cachée de fait par des stores aux fines lamelles de paille mais qui me permettaient de voir, de regarder le monde en face de moi.
Un jour, j’ai pris la caméra en main et je me suis placée quelque part et là tout à coup, il y eu un cadre, un plan. Et je me suis dit que ce cadre est formidable. Il n’y a plus qu’à attendre et à laisser les choses arriver. Je ne bougerai pas et tout ce qui doit se passer, viendra se placer dans mon cadre, sans que j’intervienne. Et ce cadre, c’est comme une scène. »
Comme souvent, Chantal Akerman prend ses propres films comme point de départ pour d’autres créations. L’importance donnée au plan et au cadre l’a naturellement amenée à la forme d’arrêt sur image que constitue la photographie. Ici, sont présentés sept images, sept plans qui relatent un voyage à la fois intérieur, intime et transgénérationnel, mais aussi une tentative de saisir l’identité d’un lieu.
Chantal Akerman dans la communiqué de presse du film “Là-bas”
La Galerie
La Galerie Marian Goodman défend le travail d’artistes qui comptent parmi les plus influents de notre époque, représentant plus de cinq générations de réflexions et de pratiques diverses. La singularité de la galerie réside dans sa collaboration et sa compréhension durables et profondes avec les artistes - un lien qui se retrouve chez les conservateurs, les leaders d’opinion et les institutions artistiques du monde entier. Le programme d’exposition de la galerie, caractérisé par son calibre et sa rigueur, offre aux artistes des plates-formes internationales pour présenter leur travail, favoriser des dialogues vitaux avec de nouveaux publics et faire progresser leurs pratiques au sein d’organismes à but non lucratif et d’institutions.
Fondée en 1977 par Goodman, qui avait auparavant cofondé la société d’édition d’art Multiples, Inc. la galerie s’est fait connaître très tôt pour avoir fait découvrir au public américain le travail d’artistes européens de premier plan. Synchronisés avec leur mission, Marian et la galerie ont été inévitablement attirés par l’Europe, créant un espace à Paris dans le quartier du Marais en 1998 et un espace attenant pour les livres et les éditions en 2017. De 2014 à 2022, la galerie a également ouvert un espace d’exposition à Londres.
Désireuse d’explorer en permanence les domaines d’intérêt croissants de ses artistes, la galerie a ouvert un espace d’exposition à Hollywood, Los Angeles, en 2023, et déménagera son siège actuel à New York dans un bâtiment historique de Tribeca en 2024. Avec deux espaces majeurs ancrés sur chaque côte, et un programme en cours depuis plus de deux décennies à Paris, la Marian Goodman Gallery sera en mesure de faire progresser de nouveaux corpus d’œuvres et les pratiques créatives des principaux artistes contemporains de notre époque.
Information
79 & 66 rue du Temple
75003 Paris