L’Artiste
Peter Kubelka (1934- ), est la figure tutélaire du cinéma d’avant-garde autrichien.
Dès ses années de formation, il considère que le cinéma industriel ne révèle pas assez les spécificités de la pellicule et de la projection.
À partir de commandes pour lesquelles il n’a aucune complaisance, P. Kubelka réalise entre 1956 et 1960 trois films qui constitueront le cycle tripartite dit « du cinéma métrique».
Adebar, du nom du dancing commanditaire, Schwechater, marque de bière et Arnulf Rainer nom du peintre viennois qui reçoit en guise de portrait un film éponyme : clignotement de 6.54 min.
Avec ces trois œuvres, il assoit sa théorie du film métrique fondée sur les principes de la musique sérielle et de la permutation.
Pour la première fois, un cinéaste mesure le temps uniquement en longueur de bandes et en nombre de photogrammes, en dosages d’images positives et négatives. Chaque plan est autonome et rigoureusement articulé avec les autres, non pas pour produire un récit, mais pour provoquer une sensation. L’ensemble repose sur des normes préétablies par son auteur, vise la création d’un ordre symbolique et s’inscrit ainsi dans la tradition du classicisme. Chacun de ces trois films a été conçu sous deux formes, l’une projetable et l’autre sculpturale – la pellicule est à exposer selon un protocole strict.
Ce triptyque marque un point charnière dans l’histoire du cinéma. Des films de composition rythmique deviennent des compositions physiques. Projetée et/ou accrochée, c’est la matière du support qui s’impose. Depuis, tout le cinéma dit structurel ou matérialiste se réfère à lui.
L’appréhension de la machine-cinéma fusionne chez Kubelka avec une fascination pour les civilisations pré-technologiques : « Mon intérêt est d’inspirer un mouvement qui s’oppose à la direction que prend la vie dans notre civilisation, en s’éloignant des sens et de la vie sensorielle. » (P. Kubelka).
Ses recherches esthétiques se doublent d’un travail de transmission, de collection et de conservation. Il cofonde l’Oesterrichisches Filmmuseum à Vienne puis l’Anthology Film Archives (NYC). Il conçoit une salle de projection, Le Cinéma Invisible qui permet de recevoir un film dans sa forme la plus essentielle. Il propose des conférences Les théories non-écrites du cinéma. Le cinéma y rencontre la musique et la cuisine. En 1976, Ponthus Hulten l’invite à composer la collection cinéma du MNAM (Paris) et à organiser une rétrospective. L’exposition de plus de 300 films établit une contre histoire du cinéma commercial. En 1978, il est nommé professeur à l’Académie des Beaux-arts à Francfort. Il enseigne aussi à la N.Y. University et à Chicago. Il vit et travaille actuellement à Vienne.
La Galerie
Fondée en 2005 dans le sillage de la maison d’édition de films Re : Voir vidéo, TFG, est une galerie à but non lucratif spécialisée dans l’exposition et la diffusion du cinéma expérimental, la mise en installation et la performativité des œuvres filmiques.
TFG représente d’une part des artistes fondateurs ayant participé à des mouvements tels que Dada le lettrisme ou Fluxus. Et soutient d’autre part une scène émergente qui s’expriment au moyen de l’art vidéo, du film argentique ou de l’installation filmique, en suivant les traces de ces avant-gardes historiques, à la lumière d’un appareil critique contemporain.
L’engagement de TFG consiste à résister à l’obsolescence des machines de projection, à en renouveler le langage, à partager et pérenniser une forme cinématographique fragile et invisibilisée.
Information
43 Rue du Faubourg Saint-Martin
75010 Paris France